Vendredi dernier s’ouvrait avec grand tapage médiatique le “Black Friday”, ou “Vendredi noir”, fête de la consommation tous azimuts. “Je pense, donc je suis”, disait en son temps le philosophe René Descartes. “Je consomme, donc je suis”, pourraient affirmer aujourd’hui tant de nos contemporains... Écoutons à ce propos ce que nous dit Hervé Covès dans ce petit article de circonstance paru dans le numéro de Novembre du bulletin diocésain “Église en Corrèze” :
“Quelle étonnante idée que ce vendredi noir : « Il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure. Le soleil s'obscurcit et le voile du temple se déchira par le milieu. » (Luc 23, 44-45).
Dès que les portes s’ouvriront, beaucoup se précipiteront dans le sacro-saint de la consommation avec avidité, compulsion et addiction. Il n'est plus question d'une colère divine qui en expulserait les commerçants. Le commerce est devenu religion. Et, pour le fidèle de ce nouveau culte, il s'agira surtout de faire de bonnes affaires parce que les temps sont rudes et qu'il faut bien vivre. La débauche, juste pour se faire plaisir, est érigée en vertu. L'avidité est comme un jeu, une course folle qu'il faudra remporter. Mais rien n'y changera, l'addiction est là. Cette maladie insidieuse qui nous laisse impuissant, qui nous fait croire qu'un peu de plaisir comblera notre âme de la joie qui nous manque. Et nous laissera las, en quête de sens, face à nos écrans qui encore un peu plus nous feront croire qu'il y a toujours un objet que nous devons convoiter. Peut-être qu'un ultime shot de cette ivresse fantasque apportera cette paix qui pourtant s'éloigne encore un peu plus. Autant se griser, après tout.
Nous étions censés prendre soin du monde qui nous fut confié, qui nous fut offert, gratuitement. Nous avons oublié que ce don est précieux, que ce don est sacré.
Et Dieu dans tout cela ? « Abandonne tout et suis-moi ». Le jeune homme riche se retrouve pris au piège de sa richesse. La jeune femme pauvre se retrouve aussi prise au piège de cette apparence, de ce mirage. Ne sommes-nous pas tous pris au piège de nos addictions consuméristes ? Heures funestes, sombres et noires : Dieu est mort. C'est cela le vendredi noir. Témoin d'un monde si dur et si décevant, où même les gens qui nous entourent semblent courir, emportés par ce tourbillon de folie qui n'est pas la Vie. Dans l'agitation effrénée du Black Friday, juste m'arrêter et prier. C'est ainsi qui j'y participerai. Et, peut-être me souvenir que dans Le Temple, le voile qui se déchire reste le symbole que le mur du péché qui nous séparait de Dieu a été éliminé. La Vie n'est pas si dure pour ceux qui suivent Jésus et qui peuvent témoigner qu'il est possible, avec lui, de sortir de nos addictions et de proclamer que la Vie est belle”.
A quelques semaines de Noël, cette interpellation n’est pas inutile. Elle pourra nous aider à purifier notre mémoire en nous rappelant que le centre de notre préparation à Noël n’est pas le sapin, mais la crèche qui nous rappelle la naissance de Jésus, sa venue dans l’histoire des Humains, un jour du temps. Le risque n’est jamais loin, même après le “Black Friday”, de centrer ce temps de préparation sur les « mondanités », les cadeaux, les repas de fête, et d’oublier l’essentiel : préparer son cœur pour en faire le lieu où nous accueillerons le nouveau-né de Bethleem, le moment venu, en ayant soin de partager notre bonheur à ceux qui souffrent de solitude, de détresse, de maladie. Il ne s’agit pas de condamner ces aspects de la fête, mais de savoir bien choisir nos priorités pour que l’accessoire ne vienne pas prendre la place de l’essentiel, et que nous puissions dire : “J’aime, donc je suis” !
+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU
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